Entre-soi, le séparatisme des riches
La lutte des classes a-t-elle disparu ? Pas si on en croit Warren Buffet, milliardaire américain, qui affirmait en mai 2005 lors d'une interview a CNN : « il y a une lutte des classes (…), évidemment, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène la guerre, et nous sommes en train de gagner ».​​​​​​​
Depuis que je me suis installé en France en 2012 (auparavant, je vivais en République démocratique du Congo), j'ai cherché un moyen d’illustrer la crise économique qui frappe le pays, et plus particulièrement les profondes inégalités qu'elle engendre. Contrairement à une certaine tradition photojournalistique qui tend à accorder la priorité aux problèmes sociaux, et donc aux catégories vivant le chômage, la misère, la maladie, ou toutes autres difficultés, j'ai souhaité traiter le problème à l'envers et réaliser un travail documentaire photographique sur les catégories de la population qui ne souffrent pas de la crise, voir, certains diront, qui en profitent. Cette tradition photojournalistique explique en partie pourquoi les travaux documentaires photographiques sur la haute société sont rares en dehors des chroniques mondaines des journaux « people ». Une autre raison tient sans doute à la difficulté inhérente de mener des investigations, photographiques ou autres, auprès de personnes qui occupent des positions dominantes, qui disposent de pouvoirs étendus, et qui cultivent la discrétion sur leur mode de vie et leurs richesses accumulées. Peut-on pour autant faire l'impasse sur les dominants, sur ceux qui tirent le plus grand profit de l'état des choses ?
Le documentaire photo que j'ai réalisé, inspiré des travaux des sociologues Monique et Michèle Pinçon-Charlot, tente de lever le voile sur les arcanes de la haute société parisienne et de montrer ce qui constitue en classe sociale un groupe apparemment hétérogène. Plus précisément, ce travail illustre en images les stratégies délibérément mises en place au sein des élites pour pour préserver l'entre-soi. Pour illustrer ces stratégies mises, je me suis intéresser au grands cercles parisiens et j'ai pu photographier l'Automobile Club de France, le Cercle de l'Union Interalliée, le Travellers, le Polo de Paris, le Tir aux Pigeons, et la tribune du Jockey Club à l'hippodrome de Chantilly. Je me suis également intéressé aux rallyes d'adolescents, aux internats privés, aux chasses à cours, et plus généralement aux lieux de sociabilité fréquentés par la haute société (soirées, bals, courses hippiques, ventes de chevaux, etc).
Plusieurs de ces reportages ont été publiés dans la presse (Le Figaro Magazine, VSD, Marianne, FishEye) ainsi que dans les revues XXI et 6 MOIS. Ce travail photographique au long-cours (plus de 10 ans d’enquête!) est désormais achevé, et l’ensemble de mes photographies sont réunies dans un livre aux éditions Pyramyd.
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